vendredi 25 décembre 2009

Juste

"Bientôt minuit. La bouteille du cap Leeuwin est presque vide. Je crois que j' ai mon compte.
L' ombre du rat est devenue amicale, son regard ne porte plus l'immense question à laquelle je n' avais pas donné sa seule réponse. J' ai coupé la radio depuis hier. Ils commençaient à m'énerver sérieusement avec leur Enfant Jésus. On s' en sert comme d' un paravent pour continuer à faire tranquilement toutes nos saloperies de petits minables avec des signes de croix dans tous les sens pour faire semblant de se regarder en face. Comment avons nous pu perdre à ce point le sens du divin, le sens de la vie ? Je relisais Steinbeck, Terre des hommes, Avant que nature meure, Les racines du ciel, ces derniers temps. Je fermais parfois les yeux après une ligne, un paragraphe, une page, quand cela avait éveillé en moi une résonance particulière.J' ai maintenant l' impression que ceux qui ont écrit ces livres ne s' exprimaient pas seulement avec des mots et des idées mais avec des vibrations. Et ces vibrations vont bien au-delà de nos pauvres petits mots inventés par les hommes.
"Au début était le verbe." Je n'  ai pas lu la Bible. C' était écrit trop petit . Et il paraît que "Dieu" est traduit de travers, le texte hébreu dit "les Dieux". Mais ça n' a aucune e importance puisqu' il yu a le verbe. Et le Verbe passe bien au-delà de tout, aucune traduction ne peut le déranger. je me demande si le Verbe ne serait pas une vibration. Une vibration d' une telle intensité que d' elle est né l' univers. Je ne sais pas si j' ai lu ça quelquepart, il y  a longtemps, à une époque où toutes ces choses ne trouvaient en moi aucun écho, ou si je l' ai senti de moi même en cette nuit de Noël. Je pense que c' est plutôt un écho très lointain et j' ai l' impression, aussi, que ces livres que je relis depuis le départ n' ont pas étè écrits seulement par Jean Dorst, Romain Gary, Saint-Exupéry, Steinbeck, c' est à dire par des hommes, mais par les hommes. Et que ces oeuvres sont notre oeuvre à tous et notre héritage ensemble."

Bernard Moitessier "la longue route - Seul entre mer et ciel"

La mer - Charles trénet

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